Résultat du groupe
Alex Glanzmann
Responsable Finances, membre de la Direction du groupe
Le bénéfice de la Poste est en baisse par rapport à l’exercice précédent. Comment jugez-vous ce recul?
La régression du résultat est conforme à nos prévisions, sachant que la Poste garde tout de même une solide assise financière. Cette baisse tient principalement à la faiblesse persistante des taux d’intérêt et à l’assainissement de la situation chez CarPostal. Néanmoins, toutes les autres unités d’affaires ont enregistré des résultats en hausse par rapport à 2017, ce qui est réjouissant. Les stratégies mises en place et les mesures prises ont porté leurs fruits.
Ce résultat est-il de nature à réduire la marge de manœuvre de la Poste?
La Poste a les moyens de poursuivre son développement. Ses investissements et sa capacité à financer par elle-même le service universel ne sont aucunement remis en cause. Toutefois, la pression qui pèse sur son modèle d’affaires reste forte: la diminution des volumes de lettres et l’augmentation des envois de colis ainsi que le bas niveau des taux d’intérêt vont continuer de mobiliser toute notre attention. Nous devons plus que jamais être capables d’innover et de gagner en efficacité, mais nous avons aussi besoin de conditions-cadres appropriées.
Le recul du résultat d’exploitation est conforme aux prévisions de la Poste.
Résultat en baisse, mais la Poste tient le cap dans un environnement difficile
En 2018, la Poste a réalisé de bons résultats dans la majorité de ses domaines d’activité. S’élevant à 405 millions de francs, le bénéfice consolidé a diminué de 122 millions par rapport à l’exercice précédent. Cette diminution tient principalement aux conditions-cadres difficiles dans lesquelles opère PostFinance, ainsi qu’aux remboursements effectués en relation avec l’affaire CarPostal.
Le résultat d’exploitation (EBIT) se monte à 501 millions de francs, en recul de 217 millions par rapport à l’exercice précédent. Ces chiffres sont conformes aux prévisions de la Poste. Hormis PostFinance et CarPostal, les unités d’affaires de la Poste ont réalisé de bons résultats, dans un environnement pourtant difficile. Sur un marché des colis en plein boom, PostLogistics affiche un résultat d’exploitation de 145 millions de francs, en hausse par rapport à l’exercice précédent. Chez Swiss Post Solutions, les activités internationales de la Poste ont poursuivi leur progression, tandis que chez PostMail, le résultat a augmenté de 18 millions de francs pour atteindre 388 millions. RéseauPostal présente aussi une amélioration de son résultat.
PostFinance opère toujours dans des conditions-cadres difficiles, ce qui a lourdement pesé sur le résultat du groupe. La Poste se félicite par conséquent de la décision de principe du Conseil fédéral prévoyant de lever l’interdiction faite à PostFinance d’octroyer des crédits et des hypothèques. «C’est crucial pour l’avenir de PostFinance et de la Poste, ainsi que pour le financement du service universel», souligne Alex Glanzmann, responsable Finances. Le recul du volume des lettres et la pression sur les prix – en particulier sur le marché de la logistique – requièrent de suivre de nouvelles approches et de miser sur de nouveaux modèles d’affaires. «La Poste doit agir avec audace, clairvoyance et détermination», relève encore Alex Glanzmann. Le cœur de métier actuel est appelé à rester un pilier économique de l’entreprise. Celle-ci se doit cependant d’agir sans attendre et de dégager des bénéfices à l’avenir également, si elle veut continuer à fournir un service universel de qualité, financé par ses propres moyens.
Le Conseil fédéral a décidé que PostFinance, en raison de son importance systémique, devait renforcer sa dotation en capitaux propres, ce qui signifie que ses paiements de dividendes à la Poste diminueront à l’avenir. C’est pourquoi il s’agit d’ouvrir cette année encore une discussion sur le montant des dividendes que la Poste verse à la Confédération, faute de quoi elle ne pourra pas maintenir sa capacité d’investissement à long terme.
Contribution des unités d’affaires
PostMail a réalisé un résultat d’exploitation de 388 millions de francs, en hausse de 18 millions par rapport à l’exercice précédent, ce qui fait d’elle l’unité d’affaires ayant le plus contribué au résultat global. Ses produits d’exploitation ont cependant diminué de 114 millions de francs, en raison de la baisse continue à la fois du volume des lettres et du nombre de journaux en abonnement. Son résultat d’exploitation n’en est pas moins réjouissant et atteste de l’amélioration et des gains d’efficacité de ses processus. PostMail a en effet investi 23 millions de francs dans les centres courrier, ainsi que dans de nouveaux processus de tri et de distribution. Le résultat d’exploitation de PostMail a constamment dépassé 300 millions de francs depuis 2014, contribuant ainsi de manière substantielle au résultat du groupe.
Swiss Post Solutions a réalisé un résultat d’exploitation de 31 millions de francs, en augmentation de 6 millions par rapport à l’exercice précédent. Son résultat d’exploitation s’inscrit ainsi à la hausse depuis cinq exercices consécutifs. Les produits d’exploitation ont progressé de 32 millions de francs pour atteindre 583 millions, une croissance soutenue notamment par de bonnes nouvelles affaires.
RéseauPostal a amélioré son résultat d’exploitation de 65 millions de francs, le ramenant ainsi à –94 millions, grâce au développement du réseau, à l’adaptation systématique des ressources à l’évolution des volumes ainsi qu’à des gains d’efficacité. Les produits d’exploitation ont diminué de 57 millions de francs pour s’établir à 1045 millions, ce qui s’explique par le nouveau recul important des opérations de guichet, avec une diminution de 2% du volume des lettres et de 6% du trafic des paiements. Le chiffre d’affaires net des biens commercialisés dans les filiales a reculé de 36 millions de francs, suite à un remaniement de l’assortiment.
PostLogistics a réalisé un résultat d’exploitation de 145 millions de francs, en hausse de 26 millions par rapport à l’exercice précédent, grâce principalement à la croissance de 6,7% du volume des colis, à l’absence d’un correctif de valeur sur immobilisations opéré l’exercice précédent et à une diminution des loyers et des amortissements. Les produits d’exploitation ont atteint 1678 millions de francs, soit une augmentation de 59 millions. Quant aux charges d’exploitation, elles ont augmenté de 33 millions de francs pour atteindre 1533 millions.
Le résultat d’exploitation de PostFinance a fortement diminué par rapport à l’exercice précédent, passant de 549 millions de francs à 220 millions. Les produits d’exploitation ont reculé de 372 millions de francs pour s’établir à 1704 millions. Les principales raisons de ce recul sont l’absence des bénéfices uniques de 109 millions de francs comptabilisés l’exercice précédent suite à la vente d’actions, ainsi que la diminution de 155 millions des produits d’intérêts et de dividendes, due aux conditions du marché. PostFinance a pris différentes mesures visant à contrer le recul de son résultat. Le maintien de la rentabilité et de la compétitivité de PostFinance à long terme dépend toutefois principalement de la levée de l’interdiction d’octroyer des crédits.
CarPostal a remboursé les subventions indûment perçues à la Confédération et aux cantons. La plus grande partie des montants remboursés avaient été comptabilisés à la charge des réserves issues de bénéfices le 1er janvier 2017. Les remboursements ont cependant aussi pesé sur le résultat d’exploitation 2018, qui a diminué de 77 millions de francs pour s’établir à –58 millions. Le résultat d’exploitation a en outre été grevé par des correctifs de valeur sur l’actif immobilisé immatériel (20 millions de francs), ainsi que par un paiement transactionnel effectué en règlement d’un litige juridique en France (7 millions). Quant à l’augmentation de 29 millions de francs des produits d’exploitation, elle résulte principalement du développement des prestations et de la progression des recettes des voyageurs qui en a résulté.